Inhumans | Série TV

Plus de trois ans après son annulation, j'ai testé MARVEL's Inhumans pour essayer de cerner pourquoi ils n'avaient pas pu se développer au-delà d'une seule saison. Ma route avait croisé celle des Inhumains dans MARVEL's Agents of SHIELD et il me semblait pourtant qu'ils avaient du potentiel pour posséder leur propre série. Que s'était-il passé ?

Une base intéressante avec le premier épisode...

En visionnant le premier épisode, je redoutais une profonde déception compte tenu du fait que je savais à l'avance que la série avait été annulée après seulement huit épisodes. J'ai eu une bonne surprise avec les membres de la famille royale qui, au départ, ont su éveillé mon intérêt.

Black Bolt (Anson Moult), le souverain d'Attilan - cité dissimulée sur la face cachée de la Lune - est doté d'un pouvoir extrêmement puissant : d'un seul mot, il est capable de pulvériser ce qui est face à lui, être vivant ou édifice. Se sachant capable de détruire son royaume et ses sujets d'un simple murmure, et après avoir désintégré involontairement ses parents alors qu'il était adolescent, il a dès lors pris la décision de ne plus jamais parler, s'enfermant dans un mutisme volontaire. Son épouse Medusa (Serinda Swan) a la capacité de contrôler sa très longue chevelure rousse pour l'utiliser à sa guise, s'emparer d'un objet ou étrangler un adversaire. Maximus (Iwan Rheon), le frère cadet de Black Bolt, n'a pas de pouvoir. Quand il a passé l'étape de la tératogénèse qui déclenche l'activation des gènes latents inhumains, il n'a ressenti aucun changement et la conclusion a été qu'il avait regressé au stade de simple humain. Karnak (Ken Leung) a le don de prendre les meilleures décisions lors d'un affrontement, en visualisant de manière anticipée les actions à venir et en calculant la façon optimale pour lui de vaincre. Ajouté à sa grande aptitude au combat rapproché, cela fait de lui un redoutable combattant et un conseiller précieux. Gorgone (Eme Ikwuakor), son cousin, dirige la Garde Royale d'Attilan. Guerrier aguerri lui aussi, il a la particularité d'avoir des sabots et il a le pouvoir de déclencher une onde de choc en les utilisant pour frapper le sol. On termine les présentations avec la benjamine de la famille royale, Crystal (Isabelle Cornish), la jeune soeur de Medusa, qui est capable de commander les éléments et qui est toujours accompagnée de son fidèle compagnon difficile à manquer, Gueule d'Or, un chien géant téléporteur. Pour tout amateur de super-héros, cette famille semblait prometteuse.

La deuxième bonne surprise est venue des bases qui sont posées dans ce premier épisode. On a une mission secrète sur Terre qui tourne mal, une civilisation qui vit recluse sur la Lune et qui est régi par un système de castes avec les injustices qui en découlent, deux frères qui veulent tous les deux le bien de leurs sujets mais qui n'ont pas la même vision, chacun ayant des arguments recevables pour défendre son point de vue. Alors où était le problème avec cette série, me direz-vous ?

... mais une mauvaise exploitation des fondations

Il n'y a pas eu besoin de demander à Black Bolt d'ouvrir la bouche pour que la série s'effondre. Elle s'est fissurée sans son intervention au fur et à mesure de mon visionnage.

Black Bolt et Maximus ont réussi à conserver mon intérêt jusqu'au bout, le premier avec son jeu d'acteur remarquable sans prononcer une seule phrase de dialogue, le second avec une évolution fort bien construite. À cela, il faut rajouter la mise en parallèle continue de leurs idées, qui invite à la réflexion. Mais Medusa m'a rapidement perdue en route, sans parvenir à se rendre attrayante ou attachante. Les deux cousins Karnak et Gorgone ont été desservis par un scénario faible, les péripéties qu'ils ont vécues étant trop peu crédibles (même pour cet univers particulier). Quant à Crystal, c'est probablement la plus mal lotie dans la famille royale, puisque je n'ai pu que lui coller l'étiquette de 'jolie blonde sans envergure'. Ouch, je sais, ça fait mal.

Du côté des autres personnages, Auran (Sonya Balmores) fait pencher la balance du bon côté. Ce membre de la Garde Royale, fidèle à Maximus, mériterait sa place dans la catégorie Badass des HypnoCards. Mais la balance rebascule de l'autre côté avec Louise (Ellen Woglom), scientifique humaine terrienne classique sans originalité qui, de surcroît, semble calquée sur Felicity Smoak au début de la série Arrow ce qui renforce son côté 'déjà vu'.

Côté décor, la beauté des paysages d'Hawaï rendrait la Terre paradisiaque pour tout Inhumain coincé sur Attilan dont on regrette infiniment l'aspect bétonné. Les scènes tournées sur cette île chère à Magnum et à McGarrett ne parviennent pas à compenser la pauvreté de la cité lunaire. Elle boucle sur une petite poignée d'endroits clés, ternes, sans âme, qui sont sans doute censés être représentatifs de la place limitée dont les Inhumains disposent, mais ça ressemble davantage à un faux prétexte pour masquer un budget faible ou un véritable manque de goût.

L'histoire elle-même s'effrite progressivement. On trouve toujours de bonnes idées disséminées çà et là, mais il y a tellement d'incohérences et de câbles scénaristiques qui s'intercalent, que le bilan se retrouve négatif. Et ceci, pour un téléspectateur qui aborde Inhumans avec un regard neuf sans chercher à la rattacher aux éléments présents dans Agents of SHIELD ou encore, j'imagine, à ceux qui se trouvent dans les comics pour ceux qui les ont lus.

Si vous vous lancez dans MARVEL's Inhumans, sachez que l'épisode 8 apporte une fin qu'on peut qualifier de correcte pour boucler l'histoire. Une porte avait néanmoins été prévue pour une suite. Après mon visionnage, j'ai mieux cerné pourquoi la saison 2 n'avait jamais vu le jour. Décider de ne pas franchir cette porte et annuler la série, était effectivement une sage décision.